Nous quittons les terrasses du Larzac pour descendre vers Bélarga. Sur ce terroir, ainsi que celui d'Aspiran, France et Michel Siohan élaborent huit cuvées avec les cépages traditionnels du Languedoc : carignan, grenache, mourvèdre, cinsault pour les rouges. Pour les deux blancs, nous retrouvons le chardonnay, sauvignon, roussanne.
Il serait trop long de détailler les huit cuvées (4 rouges, deux blancs, deux rosés). Je m'attarderai sur Le Carignan de Paul.
Un fruité étonnant et une rondeur inhabituelle pour ce cépage rustique qui a tendance à "bagarrer" à la dégustation ! Ici, la macération carbonique (les grappes sont entières dans les cuves) est parfaitement maîtrisée et apporte à cette cuvée un côté suave et fruité. Un jus emblématique des vins produits dans ce domaine. Attention : on y revient facilement. Addictif !
Connaissez-vous l'AOP Picpoul de Pinet ? Les fouilles de la Via Domitia, qui traverse le vignoble, attestent de la présence de la vigne sur les six communes de l’appellation (Castelnau-de-Guers, Florensac, Mèze, Montagnac, Pinet et Pomérols) dès l’époque romaine. Un seul et unique cépage autochtone, le piquepoul, est autorisé dans l'appelation. Ce cépage un peu dénigré retrouve aujourd'hui ses lettres de noblesse grâce à sa singularité et son accord parfait avec les huîtres et autres coquillages.
Bridau Picpoul de Pinet
100% piquepoul
Et l'un des meilleur Picpoul, sinon, le meilleur, est élaboré par Michel Pagès (et son fils Pierre) à Montagnac. Ce vin est d'une droiture exceptionnelle, très sec, très minéral, et avec cette attaque vive que l'on recherche sur un Picpoul. Accord magique avec les fruits de mer bien sûr, mais aussi vin d'apéritif, il faut toujours avoir une bouteille au frais pour pouvoir la partager avec les copains de passage. Rien n'accroche à la dégustation et son principal effet et de donner le sourire, tellement on est surpris d'avoir savouré un jus pareil. A boire bien sûr dans sa jeunesse. Cependant, il m'est arrivé d'oublier involontairement un carton dans ma cave. Retrouvé quatre ans après, et résigné à ouvrir une bouteille faute d'alternative, je suis resté bouche bée. La robe avait légèrement foncé, la vivacité de l'attaque s'était estompée, mais la bouche était plus ronde, la matière plus dense, la saveur plus persistante. Du coup, il nous a accompagné pour les poissons, c'était parfait. Avez-vous noté que j'étais fan du Bridau ?!